Le chaudron de la Madrague


Maquette Yvon Houeix

Tradition du site :
La Madrague, située à l'ouest et au nord de la presqu'île de Giens doit son nom au filet que l'on posait aux deux époques de passage des thons de retour des lieux de ponte.
La tradition de pêche est très ancienne en ce lieu. Autrefois, les Phéniciens fabriquaient des madragues en joncs puis en sparteries, auffes, chanvre et coton, mais ces matériaux étaient fragiles. Pour augmenter leur durée de vie, ils étaient trempés dans une décoction d'écorces de pin et de chêne. Ces tanins mêlés allongeaient la durée de vie du matériel. Cela s'appelait "LA TINTCHE". Celle-ci était effectuée dans un chaudron que l'on appelle "Peïrou".
De plus, la situation géographique de ce chaudron et sa forme en faisaient un lieu de rencontres, de petits déjeuners et de travail en commun, un espace convivial.

Reconstruction de ce qui fut :
En 1977, la route au-dessus du port abri de la Madrague est modifiée et consolidée. Pour cela, le chaudron ancestral est détruit.
Il n'y a qu'un peu plus de 20 ans qu'il a disparu et il est encore très présent dans les mémoires et nous en parlons souvent.
Sa reconstruction est le replacement logique d'un outil dans son logement d'origine. Ce chaudron sera à nouveau là pour baliser l'histoire et demeurer le témoin indispensable qui offre des réponses aux énigmes de nos mémoires.

Maintenir le patrimoine littoral :
Le chaudron fait partie de la vie du pêcheur, du bateau et de l'homme, il suscite donc tout notre intérêt.
Il était comme la fontaine au milieu du village, témoin du littoral méditerranéen, témoin et survivant de l'histoire littorale.
Les "peïrou" sont devenus une espèce en voie de disparition. Cela justifie le fait que nous les choyions ou les reconstruisions. Leur valeur est aussi importante qu'une tour génoise en Corse ou que le portail de Versailles.Nous sommes les héritiers de ceux qui sont morts, les associés de ceux qui vivent, tentons d'être la mémoire et la providence de ceux qui naîtront.

Où en sommes-nous ?
Le dossier a été porté à la connaissance de la Mairie d'Hyères, du Conseil Général et de l'architecte des bâtiments de France dès le quatrième trimestre 1999. Toutes ces instances trouvent le projet intéressant mais depuis cette date, le port de la Madrague, jusque là, géré par la société nautique du Havre de la Madrague est maintenant géré par le Conseil Général.

Les terrains privés que les propriétaires acceptaient de nous céder pour édifier cet édifice ne leur appartiennent plus, ils ont été englobés dans la domaine public maritime sans qu'ils en soient informés.

La réalisation du chaudron dépend, maintenant, exclusivement du département qui le considère comme un aménagement de l'espace portuaire.

Bilan au 01 octobre 2001
Nous sommes présents à toutes les réunions organisés par le Conseil Général pour l'aménagement du port de la Madrague. Chaque réunion nous apporte plus d'inquiétudes sur la réalisation en cours. Celle du mois de septembre était consacrée à la réalisation de la capitainerie. L'architecte, il n'y avait qu'une étude, nous a proposé un bâtiment qui répondait aux différentes fonctions qu'il devait remplir mais pas du tout à l'esprit du classement du site de la Presqu'île de Giens. En effet un bâtiment d'un étage, ultra moderne, avec toit arrondi et faux hublots dans des murs de béton recouvert de bois, sera implanté sur le site contre l'avis d'une majorité des participants à la réunion. Si l'administration dit oui, la réalisation se fera contre notre avis. Aucune autre étude ni correction ne sera présentée dans les réunions suivantes. Il faut noter également la somme dérisoire affectée à cette réalisation (800 000 FHT pour plus de 100 m2)
Nous avons fait remarquer, que l'adoption de ce projet anticipait sur les conclusions de la réunion d'octobre consacrée à l'aménagement global du port avec la définition des différents espaces. La construction de la capitainerie décrite ci-dessus impose la construction de parkings en bord de mer. L'espace d'agrément avec le chaudron à teinture qui avait été accepté serait, dans ce cas, purement et simplement remplacé par un parking.
Cette année encore, nous avons fait la
fête de la Tencho sur cet espace et nous avons construit une maquette grandeur nature pour montrer notre détermination.

Bilan au 19 mars 2002
Plusieurs réunions plus tard, plusieurs projets d'aménagements plus tard, que devient le chaudron et surtout l'esprit dans lequel sa reconstruction a été envisagée ?
Il est maintenant acquis que le chaudron sera reconstruit sur le port de la Madrague. Son implantation doit répondre à trois exigences : Pouvoir être utilisé, être mis en valeur et créer autour de lui un espace de convivialité.
Mais le chaudron ne doit pas cacher le problème du port qui d'abri naturel utilisé par les pêcheurs risque de devenir un port fermé de plaisance avec des digues en mer et des parkings en bord de mer. La Partègue est présente à toutes les réunions et défend ses positions.
Le Conseil Général va travailler sur les archives départementales pour éditer un livret sur la Madrague. La Partègue a demandé à participer à ce travail car elle peut très utilement compléter cette étude.

La FPMVM a intégré le comité de pilotage du pôle d'économie du patrimoine et travaille avec d'autres associations et les différentes administrations pour que l'aménagement du port de la Madrague prenne en compte la valeur patrimoniale du lieu ainsi que le classement de la presqu'île (loi 1930) dans le cadre du projet agréé du "paysage de l'entre terre et mer en littoral varois."

2003 - 2015
Après l'enquête publique, notre projet est très compromis.Le Département puis le Syndicat Mixte et enfin Ports Toulon Provence veulent réaliser un grand port de plaisance et aucun travail de valorisation du patrimoine n'a été possible.
Aucune discussion possible donc tribunal administratif : le projet de port est retoqué.
Ports Toulon Provence fait appel de la décision. Le projet de port est retoqué par la Chambre d'Appel de Marseille.

Toujours pas de discussion possible Ports Toulon Provence se pourvoit en cassation au Conseil d'Etat. Le Rapporteur Public a demandé aux juges de rejeter le pouvoi de PTP et de le condamner à verser 3000 euros aux associations environnementales (mai 2015). La décision définitive doit être prise mi juin 2015.

La Tartane - Le Musée - Accueil