Les routes maritimes : L'archéologie sous-marine.
L'épave romaine de la Madrague.

Pour en savoir plus lire : L'épave romaine de la Madrague de Giens
A.Tchernia, P.Pomey, A.Hesnard - Editions du CNRS

À partir du IIe siècle avant J.C, de nombreux navires chargés d'amphores vinaires et de céramiques partent de l'Italie pour la Gaule et l'Ibérie (Espagne). La presqu'île de Giens et les Iles d'Or, les "Stoechades"- les îles alignées - sont des repères incontournables sur les routes du commerce maritime. Provenant d'Italie centrale, un grand voilier de commerce a fait naufrage, dans les années 75-50 avant J.C, à quelques brasses du petit havre de la Madrague, situé au nord-ouest de la presqu'île de Giens. Le navire transportait une importante cargaison d'amphores à vin (environ 6 000) et plusieurs centaines de vases.
L’identification et l’étude des amphores  ont permis de connaître le point de départ du navire : la région de Terracine dans le sud du Latium en Italie. Le vin transporté était très probablement le "Cécube" l'un des meilleurs vins italiens de l'époque. Les travaux de dévasage des objets, leur repérage in situ et l'analyse photogrammétrique de diverses couches du chargement ont permis de mieux comprendre la disposition de la cargaison.
Les amphores étaient superposées en quinconce sur trois couches et calées entre elles à l'aide de brindilles et de branchages qui limitaient le frottement.La vaisselle était empilée dans des caisses placées au-dessus des amphores. La quille mesure 40 cm de hauteur et 35 cm de largeur. Elle supporte, sur deux râblures, un double bordé de 6 cm d'épaisseur à l'intérieur et  de 4 cm d’épaisseur à l’extérieur.
L'équipe de fouille dirigée par A.Tchernia, P.Pomey et A.Hesnard a réussi à extraire une partie pertinente de la coque comprenant des éléments de la quille, des varangues et des bordés. La construction est effectuée à franc bord, selon la technique du bordé premier. Les virures de bordé sont assemblées par un système de languettes chevillées dans des mortaises pratiquées dans l'épaisseur du bordé. Une feuille de plomb protège les oeuvvres vives.
L'étude détaillée de la coque, préservée dans un état de conservation exceptionnel, a permis de préciser les caractéristiques de ce grand navire qui apparaît semblable au grand voilier figuré sur la mosaïque des thermes de Thémétra.
La longueur conservée de la quille est de 35 m, ce qui correspond à une longueur de 40m restituée. La largeur est évaluée à 9 m et le creux à 4,50m.
Les essences de bois utilisées sont classiques : de l’orme,  du chêne pour la quille et les varangues, du sapin pour le bordé extérieur, du noyer et du pin sylvestre pour le payol.
Notre ami Laurens Damonte, maquettiste de talent, a reconstitué, avec toutes ses données, le bateau romain de la Madrague de Giens.
Cette maquette fait partie de la collection du Musée d'Hyères.

Le gréement, directement inspiré de sa représentation sur la mosaïque de Témétra, a été réalisé avec l'ensemble de l'accastillage indispensable à sa manoeuvre.

Comme le note Laurens Damonte, ces bateaux faisaient du commerce, ils ne pouvaient pas être uniquement tributaires des vents portants.
Laurens a donc étudié la possibilité de virer de bord avec un tel bateau. La manoeuvre est possible et devait permettre à ces bateaux de naviguer même si les vents n'étaient pas totalement favorables.

La cause du naufrage est sans doute due à une manoeuvre risquée par mauvais temps comme un virement de bord près de la côte. Le bateau a pu aussi avoir gîté fortement lors d'une rafale, l'eau serait passée par dessus bord et aurait envahi la cale emportant le lourd vaisseau par le fond.

Suite - Presqu'île de Giens - Page d'Accueil